La réouverture des salles d’allaitement doit suivre celle des commerces

17 février 21 | MAQ

Rouvrir les salles d’allaitement dans les commerces demeure compatible avec les mesures sanitaires

Émilie Hamel a accouché juste avant que la COVID-19 éclate au Québec. Elle qui se déplace avec sa petite pour faire les courses afin d’assurer les tétées à la demande n’a jamais pu mettre les pieds dans une salle d’allaitement, comme on en retrouvait dans nombreux commerces avant la pandémie. « Depuis le printemps, je suis confrontée au même problème durant les sorties, lance-t-elle résignée. Je suis contrainte à sortir du magasin et à me rendre à ma voiture pour allaiter, car il n’y a aucun endroit pour le faire dans les commerces que j’ai visités. »

Les centres commerciaux ont rangé leurs tables et leurs chaises afin d’éviter que la clientèle demeure plus longtemps que nécessaire sur place. Or, cela affecte de nombreuses personnes qui peuvent éprouver un besoin urgent de se poser telles que les personnes âgées, à mobilité réduite, enceintes ou accompagnées d’un tout petit.

Lors d’un appel à témoignages par Mouvement allaitement du Québec (MAQ), plusieurs personnes ont relaté, entre autres, avoir été invitées à s’asseoir sur le trône d’une toilette publique pour nourrir leur bébé. « Un traitement loin d’être royal. En plus d’être très inconfortable, il y a là souvent un enjeu d’espace, d’odeurs et surtout d’hygiène ! », lance Raphaëlle Petitjean, directrice du MAQ.

Un espace réservé peut être conforme aux mesures sanitaires

Au Québec, on retrouve près de 530 000 enfants en bas âge, selon l’Observatoire des tout-petits. Adapter un lieu commercial en mettant une chaise identifiée à la disposition de la clientèle nécessitant une pause – comme dans les transports publics, où l’on retrouve des sièges réservés – est l’exemple d’un geste à la fois accueillant et compatible avec les mesures sanitaires. Un protocole qui demeure une priorité, insiste la directrice.

« À l’opposé, l’absence d’un lieu réservé amène une cliente à interrompre son parcours de magasinage et à devoir faire demi-tour vers la voiture, si voiture il y a, pour prendre soin de son enfant… un geste qui peut la démotiver à retourner au magasin, surtout en période hivernale, insiste Mme Petitjean. Les parents, comme la majorité des Québécois, veulent contribuer à l’économie locale. Il faut donc songer à des façons pour leur en donner les moyens. »

Maintenir les salles d’allaitement ouvertes, voire les rouvrir, est une autre mesure qui va de soi, selon elle. D’autant plus que c’est plus simple et rapide de désinfecter qu’une toilette publique. Le Quartier commercial DIX30 n’a, quant à lui, jamais fermé ses salles d’allaitement depuis que la COVID a fait surface. Un gardien de sécurité est appelé sur les lieux pour ouvrir la porte à une famille et la salle est désinfectée à leur départ, explique Julia Camplani, spécialiste marketing du DIX30.

Des environnements qui fragilisent l’allaitement

Depuis la réouverture des magasins, François Lauzon et sa conjointe sont allés magasiner des vêtements chauds pour leur bébé de deux mois, dans le coin de Mirabel. Mais la sortie a vite pris une tournure décevante rébarbative quand une agente de sécurité a refusé de leur donner accès à une salle familiale pour répondre aux besoins de leur bébé. « Je me questionne sur les mesures sanitaires mises en place, car l’allaitement est essentiel pour l’enfant donc pourquoi ne pas rendre les espaces familles accessibles, comme pour les toilettes publiques ? fait remarquer M. Lauzon. Je ne pensais jamais que nous aurions à nous battre pour le droit à l’allaitement dans un environnement convenable en 2021. »

Si certaines personnes comme Claudine Naud font preuve d’audace en se servant des étalages de boîtes d’une allée ou d’une table de présentoir pour se poser, cette dernière reconnaît que beaucoup de femmes ne se feront pas une place de manière improvisée. « J’ai l’habitude d’allaiter, mon travail est d’ailleurs lié au domaine de l’allaitement, lance-t-elle. Par contre, pour une mère moins à l’aise ou qui a moins d’expérience, ça peut être un incitatif à ne pas nourrir son bébé dans un lieu commercial. »

La fragilisation de l’allaitement dû à un accueil inadéquat des familles dans les commerces risque d’amener plusieurs femmes à sevrer leur bébé plus tôt qu’elles ne l’envisageaient, s’inquiète la directrice du MAQ. Chose regrettable, souligne-t-elle, puisque l’allaitement contribue à la bonne santé des tout-petits et les aide à se protéger de nombreuses infections, incluant la COVID. Ce faisant, l’allaitement contribue à épargner le système de santé en réduisant les hospitalisations des nourrissons.

Un meilleur accueil : tout le monde y gagne

La solidarité avec les commerçants locaux est le mot d’ordre pour sauver notre économie. Dans le même sens, le MAQ lance un appel pour que les salles d’allaitement ou familiales demeurent accessibles et invite les commerces qui ont suffisamment d’espace à réserver une chaise à l’intention des familles. Parce que ces petits ajustements contribueront à rendre l’expérience du magasinage plus agréable, faciliter l’allaitement dans les lieux commerciaux va permettre aux parents de soutenir eux aussi l’achat local tout en prenant soin de leur tout-petit.

(Crédit photo : Marcinjozwiak) 

Des visuels à l’intention des commerçants

Afin de sensibiliser les commerçants aux réalités des familles avec des tout-petits, le MAQ a produit les visuels ci-contre – en guise d’invitation à mieux soutenir ces familles. N’hésitez pas à les partager dans votre réseau et auprès des commerçants que vous fréquentez. 

Vous trouverez aussi ci-dessous une version PDF de chaque visuel. 

Pour télécharger le PDF du visuel n.1, cliquez ICI

Pour télécharger le PDF du visuel n.2, cliquez ICI

Pour télécharger le PDF du visuel n.3, cliquez ICI

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