Le 40e du Code : Protéger les familles des stratégies marketing non éthiques

21 mai 21 | MAQ

ALIMENTATION DES TOUT-PETITS AU QUÉBEC :
PROTÉGER LES FAMILLES FACE AUX STRATÉGIES MARKETING DE L’INDUSTRIE

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) célèbre aujourd’hui le 40e anniversaire du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (le Code), visant à protéger les familles contre les stratégies marketing de l’industrie, le MAQ invite les diverses organisations de la communauté et les autorités politiques à veiller à ce que ces recommandations soient reflétées dans la société québécoise.

Le Code a été adopté en 1981 par 118 pays, dont le Canada, afin de protéger l’allaitement tout en assurant une utilisation correcte des préparations commerciales pour nourrissons (PCN), et des produits connexes, lorsque nécessaire. Son but n’est pas d’interdire l’utilisation de ces produits, mais d’assurer leur utilisation correcte. Il vise aussi à contrer l’idéalisation de leur utilisation et à protéger tous les enfants.

Pour ce faire, le Code comprend des mesures pour prévenir tout conflit d’intérêts pouvant exister entre les fabricants de ces produits et les ordres professionnels afin que ces derniers puissent se soustraire de l’influence des premiers. D’autant plus que les professionnel(le)s de la santé exercent une influence indéniable sur les décisions prises par les familles en ce qui a trait à l’alimentation de leur enfant.

Des tactiques marketing non éthiques

Protéger les familles contre les pressions commerciales est une autre intention du Code.

L’image du bébé nourri au biberon a envahi nos canaux de communication au détriment de celle de l’enfant nourri au sein. « À un point tel que le biberon est devenu un symbole systématiquement utilisé pour représenter un bébé, même dans des situations qui n’ont rien à voir avec l’alimentation, fait remarquer Raphaëlle Petitjean, directrice de Mouvement allaitement du Québec (MAQ). Un phénomène qui vient banaliser l’usage du biberon au point de laisser croire que c’est un passage obligé dans le développement des enfants. »

Cette association ancrée dans l’imaginaire collectif est chose inquiétante, selon Mme Petitjean, puisqu’elle ne laisse pas la place à d’autres alternatives plus compatibles avec l’allaitement au sein. « Pourquoi on n’emploierait pas plutôt un hochet, par exemple, comme symbole pour représenter un bébé? »

D’après une étude parue l’année dernière dans Globalization and Health, le marketing des PCN est très puissant, efficace et parvient à vendre aux parents un produit largement inférieur au lait maternel, qui lui est gratuit. Selon ses conclusions, il devient urgent d’actualiser et de renforcer la réglementation locale pour freiner ce fléau.

Le Canada, un acteur passif

Si en 1981 le Canada a adhéré au Code, son engagement pour honorer les recommandations prescrites a pris l’allure d’une pente descendante. En 2020, des données laissaient entrevoir qu’à l’échelle planétaire, 136 États Membres de l’OMS avaient mis en branle des mesures légales pour veiller à l’application du Code.

Le Canada, lui, fait partie de la minorité passive.

Les instances gouvernementales, telles que Santé Canada (SC), reconnaissent pourtant l’importance de l’allaitement. SC recommande la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans ou plus, accompagné d’aliments complémentaires appropriés, et l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois de vie de l’enfant. C’est qu’en plus de contribuer à la croissance et au développement optimal de l’enfant, l’allaitement représente aussi une façon d’entrer en communication avec lui, ce qui peut influer sur ses habiletés langagières et sociales.

D’ailleurs, un ancien vice-président de la Banque mondiale, Keith Hansen, a déjà déclaré que « si l’allaitement n’existait pas déjà, celui qui l’inventerait aujourd’hui mériterait un double prix Nobel en médecine et en économie ».

Saisir l’opportunité de changer les choses

Étant donné les enjeux autour de l’application des recommandations du Code à l’échelle nationale, il est contre-productif de ne pas agir. « Le respect du Code bénéficiera à toute la population québécoise, notamment en réduisant les coûts de santé et les émissions de gaz à effet de serre », rappelle Mme Petitjean.

Afin d’aider différents milieux à se familiariser avec le Code, le MAQ a produit des outils présentant des exemples simples et concrets pour adapter nos pratiques en ce sens puisque tout le monde à un rôle à jouer dans la création d’une société favorable à l’allaitement.

Si allaiter est une décision qui revient aux personnes qui posent ce geste, celles-ci doivent être soutenues par la collectivité. Ce faisant, nous aidons à réduire les inégalités hommes-femmes ainsi que les pressions commerciales et socioculturelles qu’elles peuvent subir.

Selon Edith Chabot-Laflamme, coordonnatrice de l’application du Code au MAQ, « le soutien des femmes dans l’atteinte de leur objectif personnel en matière d’allaitement ne sera vraiment efficace que lorsque tous les environnements y seront favorables, et le Code est un outil formidable pour y arriver. » À l’heure actuelle, les sommes investies par nos gouvernements pour la protection de l’allaitement et le soutien des personnes qui posent ce geste demeurent négligeables comparés aux investissements en marketing de l’industrie des PCN et des produits connexes. « On doit agir pour réussir à inverser la tendance », ajoute Mme Chabot-Laflamme.

À noter qu’une section complète sur le site Web du MAQ est consacrée au Code et aux outils qui s’y rattachent.

Crédit photo: Jonathan Borba 

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