Communiqué de presse de UNICEF Canada du 13 juin 2019
Le Canada se classe au 19e rang en ce qui concerne les congés rémunérés offerts aux mères et parmi les derniers du classement en ce qui a trait aux congés rémunérés à l’usage exclusif des pères et des deuxièmes parents, révèle un nouveau rapport de l’UNICEF qui classe 41 pays riches selon leurs politiques favorables à la famille. Québec offre aux nouvelles mères et aux nouveaux pères les prestations de congé parental les plus généreuses à l’échelle du Canada.
Le rapport de l’UNICEF intitulé Are the world’s richest countries family-friendly? Policy in the OECD and EU, classe les pays en fonction de leurs politiques nationales, notamment selon la durée et la rémunération des congés parentaux et les services de garde d’enfants de la naissance à six ans.
La Suède, la Norvège, l’Islande, l’Estonie et le Portugal offrent les meilleures politiques favorables à la famille parmi 41 pays riches pour lesquels les données sont disponibles. La Suisse, la Grèce, Chypre, le Royaume-Uni et l’Irlande se classent au dernier rang.
Le document canadien d’accompagnement intitulé Politiques favorables à la famille dans les pays riches : comment le Canada se compare-t-il au reste du monde?, souligne que le Canada offre 15 semaines de prestations de maternité (offertes exclusivement aux mères biologiques), 35 semaines de prestations parentales (offertes à l’un ou l’autre parent) et, à compter de 2019, 5 semaines de prestations de paternité (offertes exclusivement au père ou au deuxième parent) pour un total de 55 semaines. Celles-ci sont rémunérées au taux de 55 % de la rémunération hebdomadaire moyenne assurable, jusqu’à concurrence d’un montant maximal ajusté annuellement. Pour être admissible, le parent doit avoir accumulé au moins 600 heures d’emploi assurable au cours des 52 semaines précédentes ou une rémunération de 6 888 $ s’il est travailleur autonome, à laquelle s’ajoutent d’autres conditions.
« Les politiques canadiennes en matière de congé parental et de services d’éducation et de garde de la petite enfance n’incluent pas tous les enfants », affirme Rowena Pinto, la chef des programmes d’UNICEF Canada. « Les enfants adoptés, les enfants autochtones et les enfants vivant dans une famille à faible revenu ou dont les parents occupent un emploi précaire sont exclus de façon disproportionnée de ces politiques en raison des critères d’admissibilité rigides et du faible salaire gagné par leurs parents. Nous devons rendre ces politiques pleinement inclusives et équitables. »
Bien que le Canada arrive parmi les derniers du classement en ce qui a trait au congé rémunéré réservé aux pères ou aux deuxièmes parents, les classements sont fondés sur les politiques en vigueur en 2016. En 2019, le Canada a instauré une option de congé « à usage exclusif », soit un congé de 5 semaines offert exclusivement aux deuxièmes parents à un taux de rémunération de 55 % (ou 8 semaines à un taux de rémunération inférieur, soit 33 %). Le Canada se classerait donc environ au 16e rang, soit un rang médian.
Le Québec offre les prestations les plus généreuses. Au Québec, un régime d’assurance parentale distinct prévoit un régime de base de 18 semaines de prestations de maternité, 32 semaines de prestations parentales et 5 semaines de prestations de paternité pour un total de 55 semaines rémunérées à 70 %, comparativement à 55 % pour le reste du Canada. Le régime du Québec contient également un critère d’admissibilité plus souple et plus accessible, soit un revenu gagné de 2 000 $, une prestation maximale beaucoup plus élevée et aucune période d’attente. Le Québec se classerait au 17e rang pour les congés rémunérés offerts aux mères et au 15e rang pour les congés rémunérés offerts aux pères ou aux deuxièmes parents.
Le rapport examine les taux d’allaitement à 6 et à 12 mois. Au Canada, environ 30 % des nourrissons sont allaités au sein à l’âge de six mois, ce qui place le pays au 17e rang sur 20. À compter de 12 mois, le taux chute en deçà de 10 %. La Norvège affiche un taux supérieur à 70 % à six mois. Le congé parental et d’autres programmes, comme l’Initiative Amis des bébés de l’OMS et l’UNICEF, aident à éliminer les obstacles à l’allaitement maternel.
En ce qui concerne les services d’éducation et de garde de la petite enfance, le Canada est exclu du classement général parce que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ne recueillent pas, ne coordonnent pas et ne communiquent pas les données pour pareils services comme le font la plupart des pays riches. Toutefois, selon les données disponibles, le Canada serait loin derrière la plupart des pays pour ce qui est du taux de participation en raison de l’absence d’un droit universel à des services de garde d’enfants abordables et de grande qualité.
Au Canada, 54 % des enfants âgés de deux à quatre ans participent à un programme d’éducation ou de garde de la petite enfance, mais ce chiffre dissimule de fortes disparités entre les provinces et les territoires. Le taux d’inscription varie de 34 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 73 % au Québec.
Au Canada, des milliers d’enfants commencent l’école sans avoir bénéficié des avantages à long terme que procure l’apprentissage préscolaire, qui pourraient pourtant les mettre sur une meilleure voie pour l’école et pour la vie. Au moment de l’entrée à l’école primaire, on observe déjà d’importants écarts de développement chez les enfants.
Le rapport mondial a été publié dans le cadre du mois de l’éducation parentale de l’UNICEF, qui en est à sa première année, et de la campagne Les premiers moments comptent de l’organisation, qui en est maintenant à sa troisième année. Cette initiative défend les intérêts des familles en réclamant des politiques qui procurent à tous les jeunes enfants l’atmosphère encourageante et les expériences stimulantes nécessaires au sain développement de leur cerveau.
Les politiques favorables à la famille renforcent les liens entre les parents et leurs enfants, ce qui est essentiel pour le développement des familles et des sociétés favorisant la cohésion sociale. Pareilles politiques réduisent le stress familial, soutiennent l’allaitement maternel et procurent aux enfants de nombreux autres avantages sociaux et cognitifs. UNICEF Canada offre des conseils sur la façon dont le Canada peut améliorer ses politiques favorables à la famille :
- Augmenter le taux de revenu pour le congé parental standard de 55 % de la rémunération hebdomadaire moyenne à au moins 70 %, conformément à la Convention (n° 183) sur la protection de la maternité, 2000.
- Réduire le revenu admissible à un minimum de 2 000 $ de revenu assurable au cours de la période admissible, peu importe le nombre d’heures travaillées.
- Étendre les prestations aux parents d’enfants adoptés.
- Prévoir une banque de jours de congé pouvant être pris jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de cinq ans.
- Pour garantir des services d’éducation et de garde de la petite enfance de qualité pour chaque enfant qui en a besoin, chaque administration devrait investir 6 % de son budget dans les besoins des enfants de moins de six ans, qui représentent 6 % de la population.
- Veiller à ce que les enfants des Premières Nations, des Nations métisses et des Inuits aient un accès équitable aux services de garde et d’éducation de la petite enfance et à ce que leurs parents aient droit au congé parental et à du soutien en matière d’allaitement maternel. Les enfants autochtones ont droit à l’égalité d’accès à des services qui sont culturellement appropriés.
- Coordonner la collecte de données et la production de rapports entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour voir comment les investissements et les services du Canada à l’intention des jeunes enfants se comparent aux autres pays riches.
Notes
Le rapport utilise des données de 2016 provenant de l’OCDE et d’Eurostat afin de montrer l’offre de congés rémunérés pour les mères et les pères équivalent au taux complet, et le taux d’inscription aux services d’éducation et de garde pour les enfants de moins de trois ans ainsi que pour les enfants âgés de 3 ans jusqu’à l’âge d’aller à l’école.
À propos de la campagne Une jeunesse de l’UNICEF
Dans le but de faire passer le pays de la 25e place au premier rang, UNICEF Canada a lancé l’initiative Une jeunesse qui vise à faire du Canada le meilleur endroit où grandir au monde. En tant qu’organisme des Nations Unies au service des enfants à l’échelle mondiale, l’UNICEF s’efforce d’améliorer les conditions de chaque enfant depuis plus de 70 ans, et a sauvé la vie d’un plus grand nombre d’enfants que toute autre organisation humanitaire. L’initiative Une jeunesse d’UNICEF Canada met à profit cette mission au Canada, en élaborant la nouvelle norme d’excellence pour mesurer le bienêtre des enfants, ainsi qu’en élaborant et en mettant à l’essai des solutions novatrices pour relever les défis auxquels les enfants sont confrontés. Nous appelons les Canadiens et Canadiennes à passer à l’action et à en faire plus pour les enfants et les jeunes.
Source : UNICEF Canada