Perspectives de WABA sur le débat « États-Unis versus allaitement »

par | 7 septembre 18 | Monde

Un mur pour le soutien de l’allaitement – En route pour une nouvelle norme

Un message du Comité directeur du World Alliance for Breastfeeding Action (WABA) du 12 juillet 2018

Qu’est-ce que le Botswana, le Canada, la Gambie, la Géorgie, le Ghana, le Kenya, le Mexique, le Mozambique, la Namibie, le Népal, le Pakistan, le Panama, la Fédération de Russie, le Sénégal, la Sierra Leone, le Sri Lanka, la Thaïlande et la Zambie ont en commun ? Ce sont tous des pays qui ont pris les devants et qui ont défendu l’allaitement au cours de la 71e Assemblée mondiale de la Santé (AMS) qui s’est tenue à Genève, en mai dernier.

Au cours des derniers jours, beaucoup d’entre nous ont été choqués par les publications virales sur la résistance à la résolution de l’AMS de 2018 sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. M. Hussein Tarimo, consultant indépendant de Tanzanie et membre du comité directeur de WABA (World Alliance for Breastfeeding Action), qui a assisté à l’AMS en qualité d’observateur, précise que « la position américaine au premier jour de la 71e assemblée ne m’a pas surpris, car déjà en 1981, les États-Unis étaient le seul pays contre l’adoption de la résolution sur le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. » Au fond, peut-être que nous ne devrions pas être tellement surpris, car après tout, cela représente un enjeu de 70 milliards de dollars sur le marché mondial. En revanche, très peu parlent de cette coalition de soutien représentée par les dix-huit pays mentionnés ci-haut qui ont pris les devants dans la défense de l’allaitement lors de cette assemblée. Il y a eu des gains et des pertes dans la résolution finale de l’AMS.

WABA et ses partenaires militent et promeuvent la protection, la promotion et le soutien de l’allaitement. Le Code, comme on l’appelle communément, est un des moyens d’envergure pour contrôler la commercialisation des substituts du lait maternel et autres aliments et produits connexes. En fait, le Code a pour but de protéger l’allaitement. Cependant, il n’empêchera pas l’accessibilité aux préparations commerciales pour nourrissons (PCN) pour les bébés et les mères qui en ont besoin, quelle qu’en soit la raison. À ce jour, soixante-sept pays à travers le monde sont déjà en train de mettre en place, de surveiller ou de faire appliquer une législation nationale qui couvrent en totalité ou en partie les dispositions du Code. En plus de protection, les mères ont besoin d’une chaine de soutien chaleureux durant les mille jours entre le début de grossesse et le deuxième anniversaire de leur enfant. Cette chaine de soutien doit permettre de couvrir à la fois les soins de santé et les interventions dans la communauté et en milieu de travail, comme la mise en place d’hôpitaux Amis des bébés, de conseillers communautaires adéquatement formés et de programmes de protection sociale des parents.

La promotion de l’allaitement en vue de rallier le soutien du public est une autre stratégie vitale. Du 1er au 7 aout (du 1er au 7 octobre en Amérique du Nord – note du MAQ), le monde célèbre la Semaine mondiale de l’allaitement maternel (SMAM). Elle a pour but que des personnes et des organisations s’engagent à tous les niveaux afin de prendre des mesures selon un thème donné. Cette année, le slogan est « L’allaitement maternel : le fondement de la vie ». La résolution de l’AMS 2018 appuie la SMAM.

La cause de l’allaitement est claire. Tandis qu’il y a quelques situations médicales reconnues où les nourrissons devront être alimentés avec des PCN, et d’autres où certains parents adoptent ces préparations par choix, il y a un nombre croissant d’études qui prouvent qu’aucun substitut du lait maternel ne permet d’atteindre la santé et le développement optimal de l’enfant, ni même de s’en approcher. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande donc l’allaitement exclusif pour les six premiers mois de vie afin de lui assurer la santé, le développement et une croissance optimale. Par la suite, les enfants devraient recevoir une alimentation complémentaire appropriée et continuer d’être allaités jusqu’à l’âge de deux ans ou plus. En 2016, l’édition spéciale du Lancet sur l’allaitement maternel a présenté des données probantes cumulatives prouvant que l’allaitement a des effets positifs sur la santé, le bienêtre et la survie des enfants et de leurs mères, et ce, tout au long de leur vie. L’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois d’un bébé est l’option la plus sure et la plus saine, et ce, à travers le monde entier. Une augmentation intensive de la pratique de l’allaitement pourrait prévenir 823 000 décès d’enfants et 20 000 décès attribuables à un cancer du sein, et ce, chaque année. Actuellement, seuls 40 % des enfants de moins de six mois sont allaités exclusivement au sein.

Les couts environnementaux et économiques du non-allaitement sont aussi énormes. Saviez-vous que 4 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de PCN ? Ou encore que 720 000 tonnes de ces PCN vendues chaque année dans six pays d’Asie génèrent presque 2,9 millions de tonnes de gaz à effet de serre ? Un autre résultat inquiétant concerne les pertes économiques annuelles qui sont d’environ 302 milliards de dollars, soit 0,49 % du revenu national brut mondial.

Ces faits expliquent peut-être pourquoi les dix-huit pays susmentionnés ont pris cette initiative pour contrer la résistance états-unienne et ont créé cette coalition pour l’allaitement maternel. Un geste qui mérite d’être reconnu.

L’allaitement aide à prévenir la malnutrition sous toutes ses formes, améliore la sécurité alimentaire — même en temps de crise — et contribue ainsi à minimiser les conditions de famine et de pauvreté à travers le monde. Voilà pourquoi l’allaitement est le fondement de la vie. Protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement est vital pour un monde plus durable. Selon Irma Chavarria Maza, du Programme alimentaire mondial du Guatemala, membre du comité directeur de WABA et observatrice des débats de l’AMS, « les gouvernements, les agences des Nations Unies et les sociétés doivent travailler ensemble pour créer et stimuler un environnement favorable à l’allaitement, ce qui contribuera également à un monde en meilleure santé, prospère et durable. »

La semaine mondiale de l’allaitement 2018 est à nos portes. Protégeons, promouvons et soutenons l’allaitement maternel pour qu’il devienne la nouvelle norme !

Traduction libre pour le MAQ, par Line Deschênes

Accéder au message original

 

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