Extrait d’un article de Laurence Girard, formatrice Co-Naître
Des chercheurs australiens ont souhaité faire le point sur l’intérêt et les risques à utiliser de la dompéridone chez la mère d’enfant prématuré, au travers d’une revue systématique de la littérature scientifique parue jusqu’en janvier 2017, publiée en mars 2018 dans le BJOG.
La dompéridone est un des galactogogues les mieux étudiés, considéré en Australie et en Nouvelle Zélande comme le traitement médicamenteux de première ligne pour le traitement de l’insuffisance lactée. Toutefois ,en dépit de sa grande fréquence d’utilisation, une controverse subsiste. La dompéridone a été incriminée à plusieurs reprises dans la survenue d’un syndrome d’allongement de l’intervalle QT corrigé – QTc -, syndrome responsable d’arythmies ventriculaires potentiellement létales. La pertinence à prescrire de la dompéridone à des femmes lactantes, jeunes et en bonne santé, a donc fait l’objet de débats. La dernière méta-analyse sur le sujet est parue en 2012 et a porté seulement à l’époque, sur 2 études.
Discussion des résultats par les auteurs
Les résultats de cette méta-analyse montrent que la dompéridone permet d’améliorer de façon modérée la production lactée de mères d’enfants prématurés, chez qui par ailleurs on a appliqué des stratégies non pharmacologiques de soutien à la production de lait.
Cette augmentation « modérée » représente, cependant, au moins 40 % de la nutrition d’un nouveau-né prématuré typique pesant 1,5 kg qui reçoit 150 mL/kg/j.
Cette méta-analyse portant sur moins de 200 femmes n’a pas montré d’effets secondaires non souhaités, ni d’allongement de l’intervalle QTc chez la mère ou l’enfant, suite au traitement par dompéridone.
Conclusion des auteurs
Dans les situations, où les mères d’enfants prématurés éprouvent des difficultés à produire du lait en quantité suffisante, malgré l’utilisation de stratégies non-pharmacologiques, l’utilisation pour de courtes périodes de la dompéridone améliore de façon modérée leur production. L’initiation du traitement par dompéridone ne devrait se faire qu’après une évaluation soigneuse de la situation de la femme et toujours en association avec des stratégies complémentaires, telles que consultation en lactation, augmentation de la fréquence des expressions et utilisation de matériel adéquat. En dépit des inquiétudes, le risque de survenue d’un syndrome de l’allongement de l’intervalle QTc, associé à l’utilisation de dompéridone, chez des femmes allaitantes en bonne santé sans antécédent d’arythmie cardiaque, apparait faible.
Lire la suite de cet articlePublié le 26 mars 2018 par Co-Naître