Portrait des politiques publiques : quelle place pour l’allaitement au Québec?

27 avril 21 | MAQ, Québec

Le MAQ se réjouit du lancement du Portrait des politiques publiques au Québec de l’Observatoire des tout-petits. C’est un excellent rappel qu’il ne suffit pas d’émettre des politiques publiques, mais bien d’agir collectivement pour les transformer en actions. Un autre constat: les autorités doivent, entre autres, réajuster la place que l’allaitement occupe au sein de ses politiques. Le soutien à tous les niveaux des femmes et des personnes qui allaitent n’est possible que par un réel travail de collaboration entre des acteurs politiques et ceux du réseau de la santé et du réseau communautaire.

Plus que du lait

L’allaitement renforce le système immunitaire de l’enfant, cela est bien connu. Or, l’allaitement contribue aussi d’autres manières au développement optimal des jeunes enfants. Par exemple, il joue un rôle dans la consolidation des liens d’attachement de l’enfant et peut influer sur ses habiletés sociales.

Ce n’est pas pour rien que Santé Canada, entre autres, recommande de poursuivre l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans ou plus. D’ailleurs, l’ancien vice-président du Développement humain de la Banque mondiale, Keith Hansen, a déjà déclaré que « Si l’allaitement n’existait pas déjà, celui qui l’inventerait aujourd’hui mériterait un double prix Nobel en médecine et en économie ». Mais qu’en est-il au Québec?

Quelle place dans les politiques pour les environnements favorables à l’allaitement?

À la lecture du Portrait de l’Observatoire des tout-petits, on constate le manque d’actions visant à soutenir les femmes qui allaitent pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs personnels. Fouiller du côté de la Politique gouvernementale de prévention en santé (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2016) permet de réaliser combien l’allaitement est négligé. Ce terme n’est tout simplement pas évoqué dans ce document de 122 pages.

Les femmes qui allaitent étant présentes dans toutes les sphères de la société, pourquoi les environnements favorables à l’allaitement ne sont-ils pas systématiquement pris en considération dans l’élaboration des politiques publiques? Notamment dans les politiques municipales – pour que les femmes puissent allaiter sans crainte dans les lieux publics – et par les normes du travail pour favoriser la conciliation travail-allaitement-études. L’adoption de politiques doit être accompagnée d’une mise en œuvre d’actions pour les faire vivre.

Des outils pour faire vivre une politique

Une des étapes charnières dans l’évolution d’une famille est l’entrée du nourrisson dans un service de garde (SDG). Le cadre de référence Gazelle et Potiron : pour des environnements favorables à la saine alimentation, au jeu actif et au développement moteur (ministère de la Famille, 2017) est un bel exemple de politique qui rappelle au personnel d’un SDG l’importance de soutenir les familles qui décident de poursuivre l’allaitement.

Ce document a certainement permis d’augmenter le nombre de SDG qui acceptent les demandes des parents en matière d’allaitement lorsque ces derniers amorcent le dialogue. Cependant, peu de SDG sont proactifs pour faire connaître dès l’inscription d’un enfant la possibilité de poursuivre l’allaitement. C’est pourquoi le MAQ a lancé la Trousse pour les services de garde favorables à l’allaitement – un ensemble d’outils visant à informer les parents, les SDG et les ressources communautaires en allaitement, et ce, en favorisant leur coopération. En ce sens, cette trousse permet la mise en œuvre collaborative du cadre de référence Gazelle et Potiron en ce qui a trait à l’allaitement. D’ailleurs, les regroupements nationaux du réseau des SDG qui en ont pris connaissance étaient contents de pouvoir la diffuser auprès de leurs membres.

« Les politiques sont des leviers importants dans la transformation sociale vers une société qui favorise le développement optimal des tout-petits. Mais si aucune action n’est implantée, comment peut-on récolter les fruits de ces belles politiques? s’exclame Raphaëlle Petitjean, directrice de Mouvement allaitement du Québec (MAQ).

Au-delà des services de garde

Ce qui est vrai pour les services de garde, soit qu’une politique n’est efficace que si elle est mise en œuvre, est aussi vrai pour tous les milieux fréquentés par les femmes qui allaitent, c’est-à-dire toutes les sphères de notre société, du parc municipal à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi le MAQ a produit une variété d’autres outils, en collaboration avec des acteurs variés, et qu’il plaide pour plus de politiques suivies d’actions pour faire place à des environnements qui soient favorables à l’allaitement et inclusifs envers toutes les familles.

Crédit photo: Tanaphong Toochinda

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