Une formatrice engagée, une approche ancrée dans l’expérience
Professeure retraitée du Département des sciences de la santé de l’UQAR, Marie Lacombe enseigne depuis 1992. Elle a longuement œuvré en périnatalité sur le terrain — en centre hospitalier, en CLSC, dans les maisons familiales —, et accompagné de nombreuses mères vivant des deuils d’allaitement. Elle connaît de près les impacts d’un accompagnement inadéquat : « J’ai vu des femmes très bien préparées vivre de grandes déceptions parce qu’elles n’ont pas été soutenues au bon moment. »
Sa thèse de doctorat, réalisée à l’Université de Montréal en collaboration avec l’Université Harvard, portait sur les interactions mère-enfant dans le contexte de l’allaitement, chez des femmes en situation de dépression postnatale. Elle continue de publier dans le domaine, notamment sur les liens entre allaitement, santé psychique et inégalités sociales.
En Bref – La Formation nationale en allaitement
Révisée en 2021, la Formation nationale en allaitement est une initiative du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Elle est notamment hébergée par le Mouvement allaitement Québec (MAQ) sur une plateforme Moodle afin de la rendre disponible aux étudiants et étudiantes des programmes en santé au Québec. La Formation nationale vise le développement de compétences pour soutenir les mères, les autres parents et les familles dans la prise de décision et la poursuite de l’allaitement.
Un modèle d’intégration dans l’enseignement universitaire
Depuis quelques années, Mme Lacombe a intégré la Formation nationale dans le cours Soins prénatals (3 crédits), offert dans le cadre du Programme court de 1er cycle en soins infirmiers en périnatalité offert par l’Université du Québec à Rimouski. Ce programme, entièrement en ligne (sauf pour le cours porteur de l’objectif terminal d’examen clinique), s’adresse à des infirmières intéressées par la périnatalité, souvent en exercice.
La Formation nationale est complétée dès le premier cours. Elle est obligatoire, et les étudiantes doivent remettre leur attestation de réussite à l’enseignante.
Chaque cours suivant inclut également un module sur l’allaitement, avec un coefficient de difficulté graduel. La Formation nationale sert donc de base commune sur laquelle s’appuient les autres contenus.
Un enjeu de formation, une responsabilité sociale
« Il y a beaucoup de mythes à déconstruire en allaitement, autant auprès des parents que des professionnels de la santé », affirme Mme Lacombe. Elle évoque entre autres ces idées reçues persistantes : qu’un bébé allaité ne prend pas assez de poids, qu’il ne faut pas allaiter un bébé qui se réveille la nuit, ou encore que l’insuffisance lactée est fréquente.
C’est pour équiper ses étudiantes à affronter ces enjeux cliniques et humains que Marie Lacombe a choisi d’intégrer la Formation nationale en allaitement. Selon elle, il est essentiel de former les futures professionnelles de la santé à accompagner les mères et les familles avec compétence, nuance et sensibilité.
Une pédagogie active et réflexive
Loin de se limiter à une formation en ligne autonome, Mme Lacombe scénarise son enseignement autour de la Formation nationale. Elle y greffe notamment des études de cas, des mises en situation cliniques, des capsules vidéo, des fiches réflexives et des projets basés sur les données probantes. Elle intègre aussi un volet statistique sur l’allaitement au Québec et au Canada, ainsi que des notions sur les rôles professionnels. L’approche est ancrée dans le réel, dans les pratiques, et dans une perspective d’apprentissage par projet et par la réflexion critique.
Former à l’écoute, à la nuance, à l’accompagnement
Pour Marie Lacombe, ce ne sont pas uniquement les compétences techniques qui comptent. « Tout est dans l’attitude. C’est très pertinent dans la formation des infirmières », insiste-t-elle. L’accompagnement des mères et des personnes allaitantes nécessite de l’écoute, de la bienveillance, et une grande capacité à se remettre en question. « Il faut apprendre à se connaître pour être capable de soutenir les autres. »
La Formation nationale met justement l’accent sur les savoir-être, souvent négligés dans les formations plus traditionnelles. Elle aborde également la prise de décision partagée, le respect du choix des parents et la reconnaissance de leurs contextes personnels et sociaux.
Un outil recommandé aux pairs
Marie Lacombe recommande vivement la Formation nationales aux autres enseignantes des programmes en santé. Selon elle, il s’agit d’un excellent outil d’introduction à l’allaitement, à utiliser en début de parcours. « Mieux les infirmières seront formées, plus elles seront aptes à amorcer une intervention adéquate, mais aussi à reconnaître quand référer un cas plus complexe. »
Elle insiste : la formation ne suffit pas à elle seule — elle doit être intégrée à une démarche pédagogique complète, qui permet d’aller plus loin et de développer les compétences professionnelles en profondeur.

À propos de Marie Lacombe
Marie Lacombe est professeure retraitée de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), chargée de cours en périnatalité et consultante scientifique en périnatalité et petite enfance. Elle a exercé pendant plus de 30 ans comme infirmière et enseignante, principalement dans le domaine de la périnatalité. Sa thèse de doctorat portait sur les interactions mère-enfant dans le contexte de l’allaitement chez les mères déprimées.
Elle est l’autrice de plusieurs articles, dont un récemment publié sur la dépression postnatale et les inégalités en allaitement :
Lacombe, M. (2024). La dépression postnatale dans le contexte de l’allaitement maternel. Partie 1 – L’allaitement face aux inégalités. Les dossiers de l’obstétrique, 544, 27-30.
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