Sur la photo – de gauche à droite : Anaëlle Dubuc et Ashley Ménard, Mouvement allaitement du Québec, Affine Lwalalika, conseillère municipale responsable du dossier famille au sein du comité exécutif de la Ville de Longueuil, Maude Fortin et Kim Couture, Espace MAM et Sarah Desjardins, conseillère en développement social à la Ville de Longueuil. (Gracieuseté Ville de Longueuil)
Pour la semaine de la famille 2025, la Ville de Longueuil a annoncé qu’elle avait mis en place des mesures pour être une municipalité favorable à l’allaitement. Une initiative qui permettra aux femmes et personnes allaitantes et à leurs familles de mieux profiter de l’espace municipal.
Pour devenir une municipalité favorable à l’allaitement, Longueuil a pu compter sur l’aide de l’organisme Espace MAM, un centre de ressources périnatales de la région. Elle s’est aussi inspirée de la trousse développée par le Mouvement allaitement du Québec (MAQ) qui propose cinq étapes pour faire une différence dans la vie des familles allaitantes.
La première consiste à adopter une résolution pour affirmer la volonté de la municipalité à soutenir les femmes et personnes qui allaitent. Ce premier pas a été facile à poser pour la municipalité, selon Sarah Desjardins, conseillère en développement social et responsable du projet à la Ville de Longueuil.
L’étape suivante était d’agir sur le terrain pour que les femmes ne subissent pas de discrimination parce qu’elles allaitent. « Nous avions déjà travaillé à améliorer l’accessibilité à nos bâtiments et nous continuerons à consolider ces actions », confirme Sarah Desjardins. Par exemple, lors d’événements pour les familles, la Ville prévoit des espaces permettant d’allaiter.
Normaliser l’allaitement
L’affichage est aussi un élément important pour rappeler à la population qu’une femme a toujours le droit d’allaiter dans l’espace public. « Par exemple, quand nous utiliserons des affiches pour annoncer notre espace loisir, nous inclurons de jeunes familles avec une maman qui allaite », remarque Sarah Desjardins.
« L’objectif est de normaliser le geste, c’est-à-dire d’offrir un environnement où ces femmes ne se sentiront pas observées et jugées, mais plutôt accompagnées et soutenues dans leur décision », explique Maude Fortin, coordonnatrice du volet allaitement chez Espace MAM.
La troisième étape consiste ensuite à informer le personnel municipal et la population. « Les membres du personnel qui sont proches de la population vont être sensibilisés pour que les personnes allaitantes se sentent accueillies partout dans la municipalité », ajoute Sarah Desjardins.
La Ville de Longueuil prévoit aussi de soutenir les ressources communautaires en allaitement de la région pour compléter la quatrième étape. Cela peut se faire en mettant des locaux à leur disposition, en publicisant leurs activités ou en fournissant des ressources. « C’est le travail qu’on fait déjà avec Espace MAM », remarque Sarah Desjardins.
Le défi d’être un employeur
« Parmi les étapes pour être une municipalité favorable à l’allaitement, c’était celle sur les ressources humaines qui était un peu plus compliquée à concrétiser pour la Ville de Longueuil », raconte Maude Fortin. Cette cinquième étape demande en effet aux municipalités de s’engager comme employeur.
« Le défi, c’est d’être équitable avec tout notre personnel, souligne Sarah Desjardins. Ce que nous allons annoncer au niveau des ressources humaines doit être applicable à l’ensemble du personnel municipal. »
Cependant, le monde du travail a beaucoup changé dans les dernières années, notamment avec l’essor du télétravail. « Il faut donc s’assurer d’être équitable avec celles qui sont sur le terrain », remarque la conseillère. Cela est d’autant plus important qu’il y a de plus en plus de femmes qui travaillent dans le secteur des travaux publics à Longueuil.
Inclure les familles dans la vie municipale
L’initiative pour faire de la Ville de Longueuil une municipalité favorable à l’allaitement s’inscrit d’ailleurs dans un plus grand objectif d’inclusion pour la municipalité. « Nous sommes vraiment orientés vers l’accessibilité universelle dans nos espaces publics et cela inclut les familles avec de jeunes enfants, » explique Sarah Desjardins.
« De plus en plus, les villes reconnaissent que l’allaitement concerne la grande majorité des familles » remarque Anaëlle Dubuc, coordonnatrice de développement au MAQ. En effet, selon des données de l’Institut de la statistique du Québec, ce sont 85 % des bébés qui sont allaités à l’âge d’une semaine.
Cependant, la difficulté de répondre aux besoins d’un enfant allaité à l’extérieur de la maison, y compris dans les lieux municipaux, peut être une barrière à l’allaitement. « On entend souvent que les mères ressentent une pression à allaiter, reconnaît Maude Fortin. Toutefois, cela peut être vécu moins difficilement si toute la communauté est derrière elles. »
Des conditions gagnantes
Devenir une ville favorable à l’allaitement peut avoir l’air d’un projet de grande envergure pour les municipalités, mais Sarah Desjardins insiste pour voir les choses différemment. « C’est un dossier assez simple à intégrer dans nos pratiques actuelles, affirme-t-elle. Nous avons déjà des réflexes d’inclusion pour les aînés ou les personnes à mobilité réduite, alors pourquoi ne pas avoir aussi une réflexion pour créer des environnements favorables à l’allaitement. »
Le fait de travailler avec un organisme de soutien en allaitement a également été un atout pour la Ville de Longueuil. « Espace MAM était comme notre conseiller expert, souligne Sarah Desjardins. Elles sont en contact avec les familles, mais également avec d’autres organismes. Elles peuvent donc nous faire des recommandations si nous choisissons d’aller vers telle orientation. »
« Pour les organismes de soutien à l’allaitement, c’est important de s’impliquer dans la communauté », confirme Maude Fortin. Cela peut se faire en étant proche des conseillers municipaux, en connaissant les autres organismes de la région et en siégeant sur les tables de concertation en petite enfance. « C’est vraiment tous ensemble qu’on réussit à faire évoluer les choses et à obtenir du support », observe-t-elle.
Des outils pour les municipalités
Le MAQ offre également plusieurs outils pour les municipalités sur son site web. « Nous avons un guide qui explique les différentes étapes pour devenir une municipalité favorable à l’allaitement, mais aussi des affiches, un modèle de résolution et différents documents », note Anaëlle Dubuc. Par exemple, le MAQ offre une fiche informative qui explique comment aménager un coin allaitement.
Le MAQ suggère aux municipalités de contacter d’abord les ressources en allaitement qui existent sur leur territoire. Ces ressources communautaires sont en contact avec le MAQ et pourront faire le lien. À noter que la Trousse pour des municipalités favorables à l’allaitement peut être directement commandée au MAQ.


Kathleen Couillard est microbiologiste de formation. Elle a toutefois vite constaté que la communication lui procurait beaucoup plus de satisfaction que les pipettes et les éprouvettes. En tant que journaliste scientifique, elle s’intéresse maintenant à tout ce qui touche la santé, la science, l’enfance et la famille. Elle est journaliste pour le Détecteur de rumeurs de l’Agence Science-Presse et collabore au site web Naître et Grandir de même qu’au magazine L’actualité et à Protégez-vous.