Le MAQ s’est entretenu un moment avec Eve Lagacé, la directrice générale de l’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ), dans le cadre de la Semaine des bibliothèques pour parler « familles et biblios ».
MAQ : Quelle est la place réservée aux familles, notamment celles qui allaitent, dans les bibliothèques ? Généralement, quelles activités leur sont proposées ?
Eve Lagacé : Une grande majorité des bibliothèques vont avoir des fauteuils qui vont être proposés aux personnes qui viennent. Puis, de plus en plus de nouvelles constructions vont prévoir des salles d’allaitement, mais pas uniquement. On peut trouver parfois des salles de type Ikea avec un micro-ondes, soit une salle famille, mais sans toilette, pour que les familles puissent allaiter et s’occuper de leur enfant.
L’approche employée par les bibliothèques envers les familles se manifeste de manière qu’elles soient bien accueillies. Pour ce qui est des activités, de plus en plus de bibliothèques vont offrir des heures du conte ou des ateliers pour les familles avec de très jeunes enfants pour pouvoir intégrer la lecture et profiter du congé parental. L’importance de la lecture dès un jeune âge de 0-3 ans est promue. On cherche à sensibiliser les familles sur le fait qu’il est important d’intégrer la lecture dès un jeune âge.
D’ailleurs, le site web Biblio-parents, un projet pilote, propose plusieurs ressources et informations sur la grossesse, l’accouchement et l’allaitement, entre autres, qui pourraient intéresser plusieurs.
À votre avis, pourquoi les bibliothèques peuvent-elles être considérées comme un lieu de choix pour les familles ?
D’abord parce que ce sont des lieux qui sont accueillants et gratuits. On accueille les familles, peu importe leur statut socioéconomique, leur niveau d’aisance d’avec la langue française, etc.
C’est un lieu refuge, la bibliothèque. On peut venir pour simplement s’asseoir, pour venir boire de l’eau, pour fouiller dans les livres et faire de belles découvertes, participer à des activités.
Donc c’est vraiment un lieu citoyen qui appartient à toutes les familles québécoises. C’est vraiment comme ça qu’on veut être perçu : qu’une bibliothèque, c’est un lieu qui est accueillant, c’est un lieu qui appartient à la famille.
Les parents craignent parfois d’incommoder l’entourage d’un lieu lorsque leur tout-petit sanglote, gigote ou lorsqu’ils/elles ont besoin d’intervenir pour calmer, allaiter ou nourrir leur petit. Aimeriez-vous dire quelque chose à ces parents ?
Ils ne dérangeront pas ! On veut que les parents viennent découvrir leur bibliothèque avec leur enfant. Qu’ils sortent de chez eux et qu’ils n’aient pas de crainte d’incommoder. S’il y a un terme qu’on veut que les familles retiennent, c’est vraiment le terme accueillant. C’est vraiment important pour nous que les familles comprennent que les bibliothèques sont définitivement accueillantes.
Comment l’aménagement des bibliothèques, plus précisément la section des enfants, a-t-il été pensé de manière à être adapté aux familles ?
Quand c’est possible, les bibliothèques vont avoir des aménagements où les rayonnages vont être à la hauteur des enfants. Ou alors, il va y avoir des bacs, par exemple, où déposer des livres de sorte que l’enfant puisse être relativement autonome dans l’utilisation de leur bibliothèque. De plus, les bibliothèques plus récentes, disons depuis 2010 environ, ont été construites de manière à créer des salons silencieux ou d’emmurer certaines zones pour amortir les sons ambiants.
Généralement, comment s’y prend généralement le personnel d’une bibliothèque pour offrir un soutien émotionnel aux familles ?
On souhaite que toutes les familles se sentent les bienvenues dans les bibliothèques, même si elles sont avec un enfant qui pourrait faire du bruit, par exemple.
Il n’y a pas de mode d’emploi pour fréquenter une bibliothèque. On ne veut pas être perçu comme un lieu rébarbatif ou alors que les gens s’empêchent de venir à la bibliothèque parce qu’elles ne connaissent pas nécessairement le code d’utilisation, et qu’elles craignent de déranger. Ça, c’est le souhait.
Est-ce qu’on est 100 % certains qu’il n’y a pas quelqu’un(e) qui a déjà vécu une situation malaisante ou un accueil plus ou moins adéquat… il se peut, c’est possible. Or, on offre une formation biblio-familles à l’ensemble du personnel qui va du commis, au technicien, au bibliothécaire pour vraiment miser sur un accueil des familles. Ceci afin de faire prendre conscience au personnel des réalités des familles. Puis afin de vraiment mettre tout en œuvre pour que les familles soient bien accueillies.