En raison des pressions commerciales de l’industrie, trop de familles en feront les frais
Si la hausse des prix des aliments fait l’objet d’un large débat public, le MAQ s’inquiète plus particulièrement d’une donnée qui semble être passée sous le radar : la hausse exorbitante du coût des préparations commerciales pour nourrissons (PCN), dont le prix a bondi de 40 % entre octobre 2021 et juillet 2022. Une hausse significativement plus élevée que celle des aliments, qui s’est établie à 15 % sur la même période, selon un rapport du Dispensaire diététique de Montréal.
Comme l’industrie des PCN dépense chaque année des milliards de dollars pour déployer des campagnes de marketing visant à semer le doute chez les femmes quant à leur capacité d’allaiter, cette hausse vient affecter financièrement et injustement des dizaines de milliers de femmes.
« Dans un contexte oligopolistique comme celui qui prévaut dans ce marché, l’industrie a le gros bout du bâton, et peut donc imposer des augmentations aussi drastiques, puisque les besoins alimentaires des enfants sont incompressibles et qu’il est très difficile de revenir à l’allaitement après un sevrage. Pour les milliers de familles qui ont très peu de marge de manœuvre financière, cela les place dans une situation particulièrement difficile », affirme la directrice générale du MAQ, Raphaëlle Petitjean.
En effet, le recours aux PCN coûterait aux familles plus de 4 fois plus cher que l’allaitement. Selon le rapport du Dispensaire diététique de Montréal, le coût quotidien des PCN pour nourrir un bébé s’élèverait à 4,56 $, alors que le coût additionnel en aliments pour répondre aux besoins d’une femme allaitante est estimé à 1,01 $/jour.
Pour le MAQ, cette situation témoigne une fois de plus de la nécessité qu’il y ait des balises strictes autour du marketing des produits de substitution de l’allaitement, produits essentiels pour certaines familles. Ces balises existent sous la forme d’un code adopté par l’OMS, dont le Canada est d’ailleurs signataire. Cependant, l’absence de lois ou de règlements qui concrétisent son application laisse libre-cours à d’innombrables violations de ses dispositions par les fabricants et les distributeurs.
« En définitive, les pressions de l’industrie nuisent à l’allaitement, ce qui fragilise la santé de la population et engendre des coûts individuels et collectifs. Les femmes et les familles victimes d’inégalités sociales, financières ou de santé sont encore plus vulnérables aux tactiques marketing. Ce n’est pas un hasard qu’il s’agisse de l’un des groupes où les taux d’allaitement sont les plus faibles, alors même que l’allaitement demeure le moyen le plus adapté pour nourrir son enfant, et bien sûr le plus abordable », conclut Madame Petitjean.