Marketing of breastmilk substitutes during the COVID-19 pandemic. The Lancet – Volume 396, Issue 10259, 24–30 October 2020, Page e58. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)32119-X
Il est préoccupant de constater que l’industrie des préparations pour nourrissons, dont le chiffre d’affaires s’élève à 70 milliards de dollars US, exploite activement les inquiétudes suscitées par COVID-19 pour augmenter ses ventes, en violation du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel de l’OMS (le Code) et de la législation nationale de nombreux pays.
Au niveau mondial, les nourrissons qui ne sont pas exclusivement allaités au sein ont 14 fois plus de risques de mourir que les nourrissons qui sont exclusivement allaités au sein. Les mesures de confinement ont diminué le revenu des ménages, et le Programme alimentaire mondial des Nations unies estime que d’ici la fin de 2020, 265 millions de personnes pourraient être confrontées à de l’insécurité alimentaire, ce qui rend l’allaitement maternel encore plus important.
Des organismes publics indépendants de l’influence de l’industrie, dont l’OMS et le Royal College of Paediatrics and Child Health, ont affirmé à l’unanimité qu’il n’existe aucune preuve que l’allaitement maternel augmente le risque de contracter la COVID-19 chez les nourrissons, et que le contact peau à peau demeure essentiel pour la santé du nouveau-né et de la mère.
Des pratiques commerciales non éthiques
En revanche, les grands fabricants de substituts du lait maternel se sont positionnés de manière inappropriée comme des sources d’expertise en matière de santé publique, et ont suggéré diverses mesures d’hygiène inutiles, le recours à du lait maternel exprimé et la séparation des mères de leurs bébés. De telles recommandations nuisent à l’allaitement maternel et augmentent ainsi le risque de mortalité infantile. Baby Milk Action et l’International Baby Food Action Network ont documenté de nombreuses infractions au Code et aux lois associées à la COVID-19.
Dans une récente enquête en ligne menée auprès de 1360 mères britanniques ayant allaité pendant le confinement national au Royaume-Uni (Brown A, non publié), 80 % ont signalé avoir été contactées par des fabricants de préparations pour nourrissons, généralement via les médias sociaux, bien que le Code interdise aux fabricants de préparations pour nourrissons de contacter directement les mères.
Des pratiques qui violent le Code et des lois locales
La loi indienne interdit explicitement le contact avec les mères et les femmes enceintes pour toute forme de promotion de substituts de lait ou d’aliments pour nourrissons. Néanmoins, en avril 2020, la compagnie Danone (à Mumbai, Inde) a lancé une chaîne YouTube appelée Voice of Experts qui conseillait aux femmes atteintes de la COVID-19 de maintenir une distance d’au moins 6 pieds avec leur nourrisson et de cesser d’allaiter jusqu’à ce qu’elles n’aient plus de fièvre depuis plus de 72 heures, d’autres symptômes depuis au moins 7 jours et qu’elles aient obtenu deux résultats négatifs à la PCR.
Ce conseil est incompatible avec l’allaitement maternel. La compagnie Danone a depuis retiré de nombreuses vidéos, après avoir reconnu que certains points de vue ne correspondaient pas aux conseils de l’OMS. Cependant, la chaîne existe toujours. Nous avons contacté Danone à propos de la chaîne et nous avons été informés : Danone a facilité l’initiative « Voice of Experts » en Inde, qui consiste en un échange entre des experts médicaux indépendants et des parents… pour des conseils sur l’art d’être parent et de s’occuper de ses enfants pendant la pandémie de la COVID, en conformité avec nos politiques et les lois locales. Les opinions exprimées par les experts médicaux dans ce forum étaient les leurs ».
Au cours de la pandémie COVID-19, de nombreuses entreprises ont fait don de lait en poudre et d’autres aliments à des communautés au Canada, en Inde, en Italie, au Pakistan, aux Philippines et au Royaume-Uni, violant ainsi les lois nationales et le Code de l’OMS.
Il est urgent d’agir pour l’implantation, la mise en œuvre et le resserrement du Code de l’OMS dans chaque pays, en prévoyant des sanctions sévères pour toute violation. AC déclare qu’en 2017, il a été directeur de la santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente à l’OMS et qu’il a donné des conseils, sur demande, à de nombreuses organisations, dont Baby Milk Action. Tous les autres auteurs déclarent qu’ils n’ont pas d’intérêts concurrents.
Traduction libre par le MAQ