Traduction d’un article publié en mars 2019, par l’American Academy of Pediatrics
Interventions alimentaires pour prévenir une maladie atopique : des recommandations actualisées
Les recommandations pour prévenir des allergies par des interventions alimentaires à l’étape de la petite enfance continuent d’évoluer.
Un récent rapport clinique de l’American Academy of Pediatrics (AAP) du Comité de nutrition et de la Section sur les allergies et l’immunologie fournissent de nouvelles recommandations basées sur l’analyse de lignes directrices d’experts, des analyses systématiques, des méta-analyses et des études publiées depuis que le rapport de l’AAP en 2008 fut émis.
L’évolution des recommandations
En l’an 2000, une politique de l’AAP suggérait que l’approche pour prévenir les allergies chez les nourrissons ayant un risque élevé de développer une allergie – selon leur historique familial de maladie atopique – pouvait inclure le recours à des laits hydrolysés pour nourrissons ; l’évitement de la mère à consommer des arachides et autres aliments allergènes ; et l’introduction tardive de l’enfant au-delà de sa première année au lait, aux œufs, aux arachides, aux noix et aux poissons.
Ces recommandations étaient fondées sur des données limitées. Lors des huit années subséquentes, des preuves grandissantes suggéraient que le fait de retarder l’introduction de substances allergènes n’était pas une approche préventive.
Le rapport clinique de 2008 a remplacé les recommandations précédentes avec davantage de remarques préliminaires sur les effets des laits hydrolysés et n’a formulé aucune recommandation sur le fait de limiter les aliments allergènes du régime alimentaire maternel pendant la grossesse ou l’allaitement.
Le rapport présentait une analyse approfondie sur le régime du nourrisson, incluant l’allaitement et l’âge de la diversification alimentaire, et ses conséquences sur de nombreuses conditions atopiques, notamment l’asthme, la dermatite atopique et les allergies alimentaires. Depuis, l’accumulation de preuves a permis de mieux informer le personnel médical, ce qui a mené aux nouvelles conclusions et recommandations qui suivent.
Restrictions alimentaires chez la mère
Il y a un manque de données probantes pour avancer que les restrictions alimentaires chez la mère durant la grossesse ou l’allaitement pourraient réduire les risques chez l’enfant de développer des maladies atopiques. Le rapport indique qu’une étude systématique aurait décelé qu’un régime chez la mère riche en fruits, en légumes, en poissons et en aliments contenant de la vitamine D ainsi qu’un régime inspiré d’habitudes alimentaires méditerranéennes étaient associés à des taux plus bas de maladies atopiques chez les enfants.
Allaitement
Le tableau ci-dessous résume les preuves du rôle de l’allaitement sur les maladies atopiques et les effets du lait maternisé hydrolysé si l’allaitement n’est pas possible. L’impact bénéfique de l’allaitement est évident. Plusieurs conclusions diffèrent de celles présentées en 2008, en raison de nouvelles études et méta-analyses les intégrant. Parmi celles-ci, on peut citer :
- Toute durée d’allaitement supérieure à trois ou quatre mois protège contre la respiration sifflante pendant les deux premières années.
- Certaines données révèlent qu’un allaitement plus long protège contre l’asthme, même après l’âge de 5 ans.
Introduction précoce aux arachides
Un changement important dans les recommandations concerne le moment de l’introduction des arachides. Si le nouveau rapport clinique conclut encore qu’il n’y a pas de preuve liée au fait que de retarder l’introduction d’allergènes au-delà de l’âge de 4 à 6 mois prévienne les maladies atopiques, il existe des preuves qui soutiennent l’introduction précoce à des formes d’arachide sans danger pour les nourrissons.
L’AAP a approuvé un rapport d’un groupe d’experts du National Institute of Allergy and Infectious Diseases qui a formulé des recommandations largement basées sur l’essai d’allergie du Learning Early About Peanut (LEAP) et d’autres études (https://www.aappublications.org/news/2017/01/05/PeanutAllergy010517).
Ces recommandations se concentrent sur une population à risque élevé – les nourrissons souffrant de dermatite atopique grave ou d’allergie aux œufs – à qui il est conseillé d’introduire des formes d’arachides sans danger pour les nourrissons dès l’âge de 4 à 6 mois, selon des quantités déterminées, tout en envisageant des tests préalables pour exclure toute allergie. Les lignes directrices recommandent que les nourrissons souffrant d’eczéma léger à modéré soient introduits à des aliments contenant des formes d’arachides sans danger pour le nourrisson dès l’âge de 6 mois, et que ceux qui ne présentent pas d’allergies alimentaires ou de facteurs de risque soient introduits à l’âge approprié et en fonction des préférences familiales, c’est-à-dire après l’âge de 6 mois s’ils sont nourris exclusivement par l’allaitement.
La théorie est que la peau eczémateuse peut être un portail d’exposition qui déclenche des réponses allergiques ; en revanche, l’exposition orale induit une tolérance. Par conséquent, l’ingestion retardée d’arachides peut entraîner, pour ces nourrissons, une augmentation des risques de sensibilisation avec le temps. Des détails supplémentaires à propos de l’introduction précoce aux arachides sont disponibles sur le site : https://www.niaid.nih.gov/sites/default/files/peanut-allergy-prevention-guidelines-clinician-summary.pdf et dans le rapport clinique.
D’autres données sont nécessaires pour comprendre les effets possibles liés au moment de l’introduction d’autres aliments tels que les œufs sur les résultats de l’allergie alimentaire puisque les données limitées sont moins claires comparativement à celles liées aux arachides.
Références
- Texte original
Sicherer S. H., Greer, R. R. (2019). Dietary interventions to prevent atopic disease: Updated recommendations. AAP News. https://www.aappublications.org/news/2019/03/18/atopy031819 - Article scientifique de référence
The Effects of Early Nutritional Interventions on the Development of Atopic Disease in Infants and Children: The Role of Maternal Dietary Restriction, Breastfeeding, Hydrolyzed Formulas, and Timing of Introduction of Allergenic Complementary Foods. Pediatrics 143(4), e20190281. https://doi.org/10.1542/peds.2019-0281
*Traduction libre pour le MAQ