Un article du bureau régional de l’Europe de l’Organisation mondiale de la Santé, publié le 22 novembre 2018
La Région européenne de l’OMS enregistre les taux d’allaitement maternel les plus bas du monde. Ne pas fournir aux bébés la meilleure nutrition possible aux premiers mois de leur vie, qui sont cruciaux, peut avoir des conséquences à long terme.
Pour sensibiliser l’opinion et renverser cette tendance, l’OMS/Europe a organisé les 7 et 8 novembre à Moscou (Fédération de Russie) une conférence qui a rassemblé des représentants de 18 pays de la Région, dont des professionnels, des chercheurs, des activistes de la société civile et des représentants d’organisations non gouvernementales militant en faveur de l’allaitement maternel, des décideurs régionaux ou nationaux et des experts de l’OMS.
Cette conférence a permis de dégager un certain nombre de points clés :
- l’allaitement au sein exclusif fournit la meilleure nutrition possible à l’enfant de moins de 6 mois ;
- l’allaitement doit commencer dans l’heure qui suit la naissance et peut se poursuivre jusqu’à l’âge de 2 ans ou plus ;
- l’allaitement maternel profite à la fois à la mère et à l’enfant :
- il contribue au développement intellectuel et au bienêtre psychologique du bébé ;
- il peut protéger la mère contre le cancer du sein et d’autres maladies non transmissibles ;
- il évite au bébé de contracter certaines maladies non transmissibles (obésité, maladies
- cardiovasculaires, diabète, allergies, intolérances alimentaires…) à un stade ultérieur de sa vie.
Cette conférence a également permis de mettre le doigt sur plusieurs problématiques clés qui doivent être abordées pour mieux promouvoir et encadrer l’allaitement maternel dans la Région européenne.
Les politiques en faveur de l’allaitement maternel doivent émaner des pouvoirs publics
La docteure Julianne Williams, qui est conseillère technique au Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maitrise des maladies non transmissibles, à Moscou (Fédération de Russie), faisait partie des principaux organisateurs de la conférence. Elle a commencé à travailler à l’OMS juste avant d’avoir son premier enfant et s’est sentie soutenue sur son lieu de travail, où elle peut allaiter son fils dans l’intimité dont elle a besoin et selon un horaire qui lui convient. Mais, dit-elle, les femmes cessent souvent d’allaiter lorsqu’elles rencontrent des obstacles sur leur lieu de travail.
« Lors de cette conférence, nous avons discuté d’un concept important : les politiques en faveur de l’allaitement maternel doivent émaner des autorités publiques », déclare le docteur Williams. « En définitive, ce sont ces dernières qui ont le pouvoir de créer un fondement juridique général afin de garantir que chaque femme puisse opérer un choix sain pour elle-même et son bébé. »
L’idée que les pouvoirs publics devraient assumer un rôle de chef de file en soutenant l’allaitement maternel est confortée par les statistiques : les politiques visant à améliorer les pratiques en matière d’allaitement maternel se sont révélées efficaces par rapport à leur cout, c’est-à-dire que l’argent investi par les pouvoirs publics produit un rendement sous la forme d’importantes retombées positives pour la santé publique. Comme le prouvent les exemples présentés lors de la conférence, il existe tout un éventail de mesures qui peuvent être adaptées aux besoins spécifiques d’un pays ou d’une sous-région.
Une approche pansociétale est nécessaire pour stimuler l’allaitement maternel
Seuls, les pouvoirs publics ne peuvent faire en sorte que les taux d’allaitement maternel augmentent. Cela requiert également la participation de nombreux secteurs, dont les systèmes de santé, la société civile et le monde des affaires. La solution pour assurer une hausse des taux d’allaitement maternel est de créer un contexte favorable, notamment en informant les femmes des effets positifs de l’allaitement maternel sur la santé, en leur prodiguant des conseils et un soutien dans les premiers moments et en veillant à ce qu’elles puissent allaiter au travail — et partout ailleurs. Une analyse comparative mondiale indique qu’un pourcentage plus élevé de femmes pratiquent l’allaitement au sein exclusif dans les pays où le droit à des pauses pour allaiter au travail est inscrit dans la législation.
En outre, la politique de l’OMS souligne la nécessité de restreindre l’utilisation et la publicité des préparations pour nourrissons. La recherche montre qu’une restriction du marketing de ces préparations contribue à ce que plus de mères choisissent d’allaiter au sein. Comme le fait remarquer Mme Elena Baibarina, directrice du Département des soins médicaux pour enfants et des services obstétricaux au ministère de la Santé de la Fédération de Russie, « les médias russes font désormais moins de publicité pour les préparations que dans le passé. Nous aimerions également éliminer les annonces publicitaires dans toutes les maternités. Nous devons riposter aux publicités par des informations exactes sur les bienfaits de l’allaitement maternel, présentées de manière accessible. Ces informations doivent aller droit au cœur de toutes les femmes. »
Voir sur le site de l’OMS